"Bredouille", un récit par Onkel Benz
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"Bredouille", un récit par Onkel Benz
Hier, je suis allé voir une dépanneuse Mercedes-Benz de 1975 Elle était belle comme un camion, et c'était d'ailleurs en fait un poids-lourd déclassé à 3,5 tonnes, avec son gros diesel à quatre énormes gamelles de un litre chacune.............
Le prix en était d'autant plus canon que je l’avais bien négocié, et le vendeur avait su m'inspirer confiance; simplement, il avait refusé, pour des questions de sécurité, de me scanner la carte grise et le procès-verbal de contrôle technique. Je m'étais rendu à ses raisons, et venais le cœur confiant, une attestation d'assurance dans une poche, et le pognon dans l'autre....
C'était l'engin idéal pour trimballer une auto, du bois d’œuvre, du gravier, du 20/40, du bois de chauffage, tirer sur un arbre difficile pour l'abattre du bon côté, etc.......
A l'arrivée, j'ai tout de suite vu le le procès-verbal de contrôle technique: à la rubrique "défauts sans contre-visite", il était aussi long que les mémoires du regretté duc de Saint-Simon ! En ma longue existence d'amateur d'autos, je n'en avais encore jamais vu un aussi fourni........... Pris individuellement, les défauts n'étaient pas graves, mais leur accumulation pesait très sérieusement.
Mais il y avait bien pire: outre les gros soucis mentionnés par le vendeur,
- absence de treuil (mais facile à retrouver),
- peinture à refaire (je l'aurais faite en bleu "Renntransporter", avec des étoiles blanches en décalcomanie... ),
nous avons recensé:
- 30° de mou dans la direction, à bâbord comme à tribord, soit, à ce stade, un boîtier non resserrable et à changer,
- un embrayage excessivement dur, et ne remontant pas ou mal => à nettoyer ou à changer, mais en tout cas de la mécanique à faire,
- une fuite de liquide de refroidissement,
- une vitre bloquée en position ouverte => nécessité de trouver vite-fait un joint avant les pluies annoncées,
- quatre des six pneus avec d'immenses fissures radiales sur les flancs,
- une auto refusant de dépasser les 70 à l'heure,
bref, un camion au départ dangereux à ramener par la route sur une relativement longue distance, très bruyant, sans D.A., et qui, mis en condition, serait revenu vraisemblablement probablement au double ou presque du prix d'un camion tout de suite en état........ Bref l'archétype de la fausse bonne affaire !
Le vendeur n'était pas à proprement parler malhonnête, dans la mesure où, somme toute, le prix négocié était en rapport avec l'état réel de l'engin, simplement, il n'avait pas annoncé franchement la couleur. D'autre part, il était bizarre, au regard des canons de la logique ordinaire: dans ses immenses cour et hangar, trônaient une demi-douzaine de fourgons en majesté, alors que croupissait une Pagode en bon état apparent, revêtu d'une épaisse couche de poussière....en la compagnie d'une 240 D, une 190 E 2.0 et une cox... "que voulez vous", nous répondit-il, "je n'aime pas rouler en voiture, et préfère rouler en fourgon, même le week-end" J'ai d'ailleurs manqué d'esprit d'à-propos, et aurais du proposer de repartir avec la Pagode pour le prix du camion, histoire de rendre service.....
Je ressors très content de ma journée, avec, d'une part, le souvenir d'une merveilleuse balade en Porsche 944 Targa, à la respiration largement body-buildée, considérablement amincie en poids, abaissée et durcie, sous un soleil éclatant, et d'autre part la conviction éternelle que nous autres, amateurs d'autos anciennes, vivons de bien étranges et bien extraordinaires aventures !
"O wonder!
How many goodly creatures are there here! How beauteous mankind is! O brave new world! That has such people in it!", écrivit un jour un remarquable compatriote du remarquable Devon....
Le prix en était d'autant plus canon que je l’avais bien négocié, et le vendeur avait su m'inspirer confiance; simplement, il avait refusé, pour des questions de sécurité, de me scanner la carte grise et le procès-verbal de contrôle technique. Je m'étais rendu à ses raisons, et venais le cœur confiant, une attestation d'assurance dans une poche, et le pognon dans l'autre....
C'était l'engin idéal pour trimballer une auto, du bois d’œuvre, du gravier, du 20/40, du bois de chauffage, tirer sur un arbre difficile pour l'abattre du bon côté, etc.......
A l'arrivée, j'ai tout de suite vu le le procès-verbal de contrôle technique: à la rubrique "défauts sans contre-visite", il était aussi long que les mémoires du regretté duc de Saint-Simon ! En ma longue existence d'amateur d'autos, je n'en avais encore jamais vu un aussi fourni........... Pris individuellement, les défauts n'étaient pas graves, mais leur accumulation pesait très sérieusement.
Mais il y avait bien pire: outre les gros soucis mentionnés par le vendeur,
- absence de treuil (mais facile à retrouver),
- peinture à refaire (je l'aurais faite en bleu "Renntransporter", avec des étoiles blanches en décalcomanie... ),
nous avons recensé:
- 30° de mou dans la direction, à bâbord comme à tribord, soit, à ce stade, un boîtier non resserrable et à changer,
- un embrayage excessivement dur, et ne remontant pas ou mal => à nettoyer ou à changer, mais en tout cas de la mécanique à faire,
- une fuite de liquide de refroidissement,
- une vitre bloquée en position ouverte => nécessité de trouver vite-fait un joint avant les pluies annoncées,
- quatre des six pneus avec d'immenses fissures radiales sur les flancs,
- une auto refusant de dépasser les 70 à l'heure,
bref, un camion au départ dangereux à ramener par la route sur une relativement longue distance, très bruyant, sans D.A., et qui, mis en condition, serait revenu vraisemblablement probablement au double ou presque du prix d'un camion tout de suite en état........ Bref l'archétype de la fausse bonne affaire !
Le vendeur n'était pas à proprement parler malhonnête, dans la mesure où, somme toute, le prix négocié était en rapport avec l'état réel de l'engin, simplement, il n'avait pas annoncé franchement la couleur. D'autre part, il était bizarre, au regard des canons de la logique ordinaire: dans ses immenses cour et hangar, trônaient une demi-douzaine de fourgons en majesté, alors que croupissait une Pagode en bon état apparent, revêtu d'une épaisse couche de poussière....en la compagnie d'une 240 D, une 190 E 2.0 et une cox... "que voulez vous", nous répondit-il, "je n'aime pas rouler en voiture, et préfère rouler en fourgon, même le week-end" J'ai d'ailleurs manqué d'esprit d'à-propos, et aurais du proposer de repartir avec la Pagode pour le prix du camion, histoire de rendre service.....
Je ressors très content de ma journée, avec, d'une part, le souvenir d'une merveilleuse balade en Porsche 944 Targa, à la respiration largement body-buildée, considérablement amincie en poids, abaissée et durcie, sous un soleil éclatant, et d'autre part la conviction éternelle que nous autres, amateurs d'autos anciennes, vivons de bien étranges et bien extraordinaires aventures !
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How many goodly creatures are there here! How beauteous mankind is! O brave new world! That has such people in it!", écrivit un jour un remarquable compatriote du remarquable Devon....
Dernière édition par Onkel Benz le Dim 27 Mar - 16:57, édité 2 fois
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Onkel Benz- Administrateur
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Re: "Bredouille", un récit par Onkel Benz
Les vendeurs sont souvent pittoresques. Souvent des aventures aventureuses à la Audiard.
L'idée d'un camion dépanneuse est très bonne. Pour aller chercher des pommes dans le but de faire son cidre, stocker du bois pour l'hiver, et parfois aller chercher sa muse mécanique en rade, et j'en passe...Et puis elles sont dingues des camionneurs les jouvencelles
Notre Oncle à des souvenirs de nos années de fesh fesh Lybien quand il se prenait pour Ventura et moi Belmondo genre "100 000 dollars au soleil". Dans notre cas c'était "100 000 coups de soleil pour pas rond". Heureusement qu' il y avait maître Corail en Blier pour nous dépanner et nous raconter ses folâtries avec les hollandaises derrière les dunes... Concernant notre Oncle, ça lui passera...ou pas
L'idée d'un camion dépanneuse est très bonne. Pour aller chercher des pommes dans le but de faire son cidre, stocker du bois pour l'hiver, et parfois aller chercher sa muse mécanique en rade, et j'en passe...Et puis elles sont dingues des camionneurs les jouvencelles
Notre Oncle à des souvenirs de nos années de fesh fesh Lybien quand il se prenait pour Ventura et moi Belmondo genre "100 000 dollars au soleil". Dans notre cas c'était "100 000 coups de soleil pour pas rond". Heureusement qu' il y avait maître Corail en Blier pour nous dépanner et nous raconter ses folâtries avec les hollandaises derrière les dunes... Concernant notre Oncle, ça lui passera...ou pas
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Re: "Bredouille", un récit par Onkel Benz
La direction était bien la même, aussi dure.... Un engin d'homme, avec des épaules...
Et puis la Tante Benz, personne qui s'enthousiasme facilement, avait prévu de se transformer en camionneuse américaine: elle envisageait de prendre quarante kilos, avait commandé un jean en taille 72, un "marcel" cradingue, du maquillage voyant, des boucles d'oreille tombant sur les épaules, quelques douzaines de hot-dog en provenance directe de "Cony Island", et s'était remise à l’américain tel qu'on le parle; j'entendais ".....fucking shit of a fucking fuck, fuck it, etc..." La malheureuse est à présent toute dépitée d'avoir du précipitamment en revenir à son registre seyant ordinaire...
Et puis la Tante Benz, personne qui s'enthousiasme facilement, avait prévu de se transformer en camionneuse américaine: elle envisageait de prendre quarante kilos, avait commandé un jean en taille 72, un "marcel" cradingue, du maquillage voyant, des boucles d'oreille tombant sur les épaules, quelques douzaines de hot-dog en provenance directe de "Cony Island", et s'était remise à l’américain tel qu'on le parle; j'entendais ".....fucking shit of a fucking fuck, fuck it, etc..." La malheureuse est à présent toute dépitée d'avoir du précipitamment en revenir à son registre seyant ordinaire...
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Re: "Bredouille", un récit par Onkel Benz
Onkel Benz a écrit:La direction était bien la même, aussi dure.... Un engin d'homme, avec des épaules...
Et puis la Tante Benz, personne qui s'enthousiasme facilement, avait prévu de se transformer en camionneuse américaine: elle envisageait de prendre quarante kilos, avait commandé un jean en taille 72, un "marcel" cradingue, du maquillage voyant, des boucles d'oreille tombant sur les épaules, quelques douzaines de hot-dog en provenance directe de "Cony Island", et s'était remise à l’américain tel qu'on le parle; j'entendais ".....fucking shit of a fucking fuck, fuck it, etc..." La malheureuse est à présent toute dépitée d'avoir du précipitamment en revenir à son registre seyant ordinaire...
Oui mais pendant un instant la banalité a pris le large laissant place à l'imaginaire. Tatie Benz réinventant une nouvelle "love Story" avec son héros bravant avec cynisme la connerie humaine. Superbement poétique.
LE POETE- Poète du relais
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Re: "Bredouille", un récit par Onkel Benz
Ah, mon Ratounet !
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Re: "Bredouille", un récit par Onkel Benz
Oui mais demain que faudra-t-il inventer?
Moi j'en suis resté aux joints de dilatation de l'autoroute 40...Depuis je manque d'idée
Moi j'en suis resté aux joints de dilatation de l'autoroute 40...Depuis je manque d'idée
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Re: "Bredouille", un récit par Onkel Benz
Ne t'inquiète donc pas: notre mythomanie ne peut connaître, ne connait pas, ne connaîtra jamais de limites !
Onkel Benz- Administrateur
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