Injection Bosch D-Jetronic : chapitre 5, le calculateur

V.1 : Précautions pour conserver son calculateur en bon état

Tout d'abord, il faut préciser que le calculateur est une belle pièce, très bien construite et très fiable. Heureusement car il est aussi très complexe, je crois pouvoir dire que les calculateurs prévus pour les moteurs M117 sont les plus complexes de tous les calculateurs D-Jetronic, ils comportent environ 400 composants (résistances, diodes, condensateurs, transistors) et sont complètement remplis alors que ceux des Porsche 914 par exemple comportaient beaucoup d'espaces vides sur les deux cartes électroniques.

Si leur qualité de fabrication permet à l'immense majorité des calculateurs D-Jetronic d'être toujours opérationnels environ cinquante ans après leur fabrication, ils doivent néanmoins être traités avec certains égards, voici donc quelques précautions à prendre pour éviter de les détériorer :

- ne JAMAIS utiliser de booster pour démarrer si la batterie est à plat

- toujours serrer convenablement les cosses sur la batterie, veiller également au bon serrage de l'écrou de 10 sur la cosse + de la batterie, c'est lui qui tient le câble d'alimentation du calculateur (via le relais principal d'injection)

- débrancher le calculateur en cas de travaux de soudure sur la voiture

- déposer le calculateur en cas de travaux de peinture avec séchage au four

- sur les types 108, 109 et 111, veiller à l'étanchéité de la coiffe en caoutchouc protégeant la fiche de connexion du calculateur

- sur les types 107, vérifier la solidité des points de fixation du calculateur sur la cloison pare-feu : sur des autos longuement négligées, l'acide d'une batterie ayant coulé peut avoir détérioré la cloison pare-feu et les points d'ancrage du calculateur, entraînant un jour sa chute sur le plancher AVD, voire sur les pieds de la passagère, ce qui ne serait bon ni pour le calculateur, ni pour la paix du ménage

- sur les types 116, veiller à la bonne étanchéité du joint de pare-brise ; les fuites à cet endroit sont très courantes et l'eau peut s'accumuler en bas du logement du calculateur. Dans un premier temps, l'humidité favorisera la corrosion de la fiche de connexion, ce qui sera éventuellement réversible par séchage et nettoyage des contacts ; à plus long terme, le calculateur peut être définitivement détérioré.

- en cas de dépose, ne pas cogner, ne pas faire tomber, stocker à l'abri de la chaleur et de l'humidité, ce sont des évidences mais il est parfois bon de les rappeler

V.2: Description, démontage, réparations

Les pannes de calculateur sont rarissimes, il ne faut jamais l'incriminer avant d'avoir contrôlé tous les autres organes de l'injection (chapitre II sur les contrôles). En outre, il faut le manipuler et l'ouvrir avec la plus grande précaution, cette pièce est chère en occasion, très chère en reconditionnée, et plus disponible en neuf.

Le calculateur comporte une coque en métal et un couvercle, lui aussi en métal, fixé dessus par des pattes recourbées. Pour l'ouvrir, il faut détordre ces pattes et soulever le couvercle délicatement pour ne pas abîmer le joint caoutchouc. On découvre alors une plaque isolante qu'il faut retirer pour accéder au dos de la carte-fille. Celle-ci est vissée au boîtier par des vis six pans de 5.5mm, ou bien fixée à la carte-mère, via des supports métalliques, par des écrous de même taille (moteurs V8). Les vis étant situées sous la carte-fille, on y accède par des trous percés à travers celle-ci. ces trous étant assez étroits, l'outil doit l'être aussi. Après avoir dévissé les écrous ou les vis, il faut retirer un petit cylindre en plastique transparent (environ 4.5 mm de haut pour 4 mm de diamètre) qui est enfilé sur un axe à peu près au milieu de la carte-fille. Ensuite, on soulève délicatement la carte-fille et on la pose à côté du boîtier. On peut alors contempler l'ensemble des composants électroniques des deux cartes.

En cas de panne, n'espérez pas la trouver avec du matériel de base (ohmmètre, voltmètre) car, pour faire un test fiable d'un composant, il faut généralement le sortir du circuit au préalable. Si vous avez le temps et la patience de débraser, tester et rebraser les 400 composants, c'est une autre histoire...

Il faudra se limiter à une inspection visuelle des brasures cassées ou oxydées et d'éventuels composants surchauffés (noirçis). Bien souvent ça ne donnera rien mais, on peut parfois avoir de la chance.

Les brasures de ces calculateurs étaient très bien exécutées et sont rarement détériorées. Si une brasure est détériorée, il est bien entendu possible de la reprendre, mais il faut résister à la tentation de "rafraîchir" toutes les autres, cela risquerait de faire plus de mal que de bien (surchauffe des composants pouvant les détériorer).

Quant au remplacement d'un composant défectueux, la question est épineuse. Si la panne concerne l'alimentation temporisée de la pompe à essence, il est possible de traquer le composant HS et le remplacer sans arrière-pensée. A la rigueur, le potentiomètre servant à régler la richesse au ralenti pourra être remplacé par un récupéré sur un autre calculateur. Pour tout autre circuit intervenant dans le dosage de la quantité de carburant, le remplacement d'un composant par un autre "identique" n'est pas aussi simple.
Lors de la fabrication, Bosch utilisait les meilleurs composants disponibles, c'est-à-dire ceux affichant les plus faibles tolérances de valeurs. Malgré cela, étant donné le nombre de composants et la possibilité de combinaisons de tolérances défavorables, chaque fonction du calculateur était testée en fin de fabrication et des composants d'ajustement pouvaient être rajoutés en cas de déviation par rapport aux valeurs attendues.

Prenons par exemple une résistance de 100 ohm. Le composant courant du commerce a une tolérance de 10%, c'est-à-dire que sa valeur réelle est comprise entre 90 et 110 ohm. Le composant utilisé par Bosch à l'époque avait une tolérance de 5%, ce qui est déjà nettement mieux. En réparateur sérieux, vous allez remettre un composant de même qualité. Malgré tout, si la résistance d'origine avait une valeur de 105 ohm et que celle de remplacement a une valeur de 95 ohm, il y aura un impact non négligeable sur le fonctionnement du calculateur. Le système sera dépanné, l'injection fonctionnera mais le dosage du carburant ne sera pas optimal.

Il faudrait, pour bien faire, recalibrer le calculateur après réparation, ce qui suppose de connaître pour chaque fonction les valeurs attendues. Faute de connaître ces valeurs, un tel contrôle est impossible à réaliser, ici s'arrête le travail de l'amateur éclairé.

V.2: Références des différents calculateurs, étude d'interchangeabilité

Moteurs M110:

boîtier sans goujon de fixation pour 280E, 280CE, 280SE et 280SEL (W114 et W116):
Réf Bosch: 0 280 001 008
Réf MB: 000 545 54 32

boîtier avec goujons de fixation pour 280SL et 280SLC (W107) :
Réf Bosch: 0 280 001 015
Réf MB: 000 545 29 32

Les deux modèles ne différent que par leur boîtier, le fonctionnement électrique est le même, les cartes électroniques sont identiques.

Moteurs M114:

calculateur monté avant Décembre 1969, sans potentiomètre de ralenti :
Réf Bosch:0 280 001 002
Réf MB: 000 545 03 32

version montée de Décembre 1969 à Janvier 1971, avec potentiomètre de ralenti :
Réf Bosch: 0 280 001 004
Réf MB: 000 545 17 32

version montée à partir de Janvier 1971 avec potentiomètre de ralenti et adaptation aux normes antipollution :
Réf Bosch: 0 280 001 006
Réf MB: 000 545 20 32

Les deux modèles les plus anciens sont interchangeables entre eux. Le boîtier le plus récent peut remplacer les deux plus anciens.

Le montage d'un boîtier antérieur à Janvier 1971 sur une auto postérieure à cette date est techniquement possible mais déconseillé car le véhicule risquerait de ne plus respecter les normes anti-pollution de son époque. En France, pas de contrôle anti-pollution au CT sur les véhicules immatriculés avant le 1er octobre 1972 ; les 250CE n'étaient plus produits à cette date, mais attention si vous possédez un exemplaire immatriculé tardivement...

Moteurs M116:

boîtier sans goujon de fixation monté jusqu'à mars 1971 sur les 280SE 3.5, 280SEL 3.5 et 300SEL 3.5 (W108, W109 et W111):
Réf Bosch: 0 280 002 001
Réf MB: 000 545 09 32

boîtier avec goujons de fixation monté à partir de mars 1971 sur les 280SE 3.5, 280SEL 3.5, 300SEL 3.5, 350SL et 350SLC (W107, W108, W109, W111) :
Réf Bosch: 0 280 002 004
Réf MB: 000 545 33 32

boîtier sans goujon de fixation pour modèles 350SE et 350SEL (W116) :  
Réf Bosch: 0 280 002 007
Réf MB: 000 545 57 32

Le calculateur 0 280 002 001 ne devrait être monté que sur des véhicules non soumis au contrôle anti-pollution (en France : immatriculés avant le 1er octobre 1972). Les calculateurs 0 280 002 004 et 0 280 002 007 sont électriquement identiques et ne différent que par les points de fixation du boîtier, ils peuvent remplacer le calculateur 0 280 002 001.

Moteurs M117:

boîtier avec goujons de fixation pour 450SL et 450SLC (W107):  
Réf Bosch: 0 280 002 003
Réf MB: 000 545 27 32

boîtier sans goujon de fixation pour modèles 450SE et 450SEL (W116):  
Réf Bosch: 0 280 002 009
Réf MB: 000 545 55 32

Les deux modèles ne différent que par leur boîtier, le fonctionnement électrique est le même, les cartes électroniques sont identiques.

Remarques:

-La référence MB n'apparaît pas toujours sur les calculateurs ; bien souvent, seule la référence Bosch est visible , emboutie dans la tôle du boîtier ou bien inscrite sur une étiquette noire et grise où l'on trouve aussi une étoile Mercedes. A partir de 1975 environ, la référence MB apparaît aussi sur les boîtiers.
-Il existe des calculateurs D-Jetronic portant une étoile Mercedes mais avec des références différentes de celles indiquées ci-dessus, ce sont des pièces pour les modèles USA qui ne doivent pas être montées sur les modèles européens. Pour connaître les références des calculateurs USA, voir au chapitre 10 :
https://mercedes-benz-relais.forumsactifs.com/t6797-injection-bosch-d-jetronic-chapitre-10-les-versions-usa#107464